Si vous connaissez un peu la décoration japonaise, vous avez sans doute déjà aperçu le Shōji traditionnel, cette porte coulissante en bois et en papier japonais. Malgré son aspect minimaliste, la porte coulissante Shōji demande un travail de menuiserie méticuleux. Les artisans japonais s’exercent pendant des années avant de maîtriser l’art du Shōji. Les motifs en bois vont du simple quadrillage à des motifs géométriques complexes, qui sont de véritables œuvres d’art. Découvrez les secrets du Shōji, qui bien plus qu’un simple panneau coulissant, est un élément incontournable de l’architecture japonaise traditionnelle.
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Qu’est-ce qu’un Shōji ?
Un Shōji est une porte coulissante fabriquée avec un cadre de bois (le plus souvent du bois de cyprès), avec un treillis qui forme un quadrillage, sur lequel est fixé une feuille de papier washi. Les lattes de bois sont imbriquées les unes dans les autres, sans vis, ni clous. Elles s’entrelacent de façon à créer des rectangles ou d’autres formes. Le travail d’assemblage des pièces de bois du treillis s’appelle kumiko. Un artisan qui fabrique des Shōji, s’appelle un tateguya.
Ce panneau coulissant est originaire de Chine et date de la période de la dynastie Tang, entre le 7e et le 8e siècle. Lorsqu’il est introduit au Japon, le Shōji est d’abord réservé à une certaine élite. Il se démocratise pendant la période Edo (de 1600 à 1868).
On peut traduire le mot Shōji par « quelque chose qui obture ». Un nom tout à propos, puisque la raison d’être du Shōji est bien de cloisonner et de fermer. Le panneau coulissant est une solution à la fois gain de place et modulable.
Gain de place d’abord, puisque ce type de porte demande beaucoup moins d’espace que les portes à charnière. Modulable ensuite, puisqu’il est possible d’ouvrir les espaces ou au contraire de fermer une pièce simplement en coulissant ces panneaux. On peut même enlever complètement les panneaux en les délogeant des fentes de bois qui les maintiennent.
On retrouve le Shōji dans le style shoin-zukuri, qui constitue les bases de l’architecture résidentielle japonaise. Le panneau coulissant en papier est typique de l’esthétique japonaise, au même titre que le tatami et le tokonoma (l’alcôve qui sert à exposer calligraphies, plantes, statuettes ou autres objets).
Les variations de fabrication
La plupart des Shōji sont coulissants, mais il existe aussi des modèles suspendus ou articulés. Le plus souvent, une seule feuille de papier japonais est collée sur la face externe de la porte, on nomme ce type de porte futsū Shōji.
Lorsqu’il y a une feuille de papier de chaque côté de la porte, on parle de mizugoshi Shōji. On utilise ce type de modèle pour avoir une meilleure isolation.
Quand le Shōji a un panneau en bois (plein) qui fait un tiers de la hauteur, on l’appelle kōshi. Ces portes étaient spécialement conçues pour résister à la pluie.
Finalement, on appelle ryōmen Shōji, les panneaux possédant une feuille de papier washi au milieu de deux cadres de bois.
Pourquoi le papier washi ?
Contrairement à la croyance populaire, le washi n’est pas du papier de riz. Il est fabriqué à partir des fibres d’un arbre de la famille du mûrier, appelé kōzo.
Si les Japonais utilisent spécifiquement ce papier, c’est parce qu’il présente l’avantage d’être suffisamment translucide pour laisser passer la bonne dose de lumière. En outre, la surface claire de ce papier reflète la lumière artificielle, assurant ainsi une bonne luminosité dans la pièce.
Le papier washi possède aussi une qualité insoupçonnée. Quand il est exposé à la chaleur du charbon de bois, sa structure microporeuse absorbe la chaleur, puis la restitue ensuite au fur et à mesure. Le papier washi est un produit exceptionnel, c’est sans doute pour cela qu’il a été inscrit par l’Unesco en 2014 au patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
L’utilisation des portes coulissantes au Japon
La cloison japonaise coulissante qui donne sur l’extérieur
Les panneaux coulissants en bois et papier étaient d’abord utilisés comme séparation dedans/dehors. Le Shōji a l’avantage de laisser passer la lumière, tout en préservant l’intimité à l’intérieur de la maison. Placé à l’arrière de la maison, il offre une grande ouverture sur le jardin japonais. La vue depuis l’intérieur de la maison fait penser à un tableau vivant, qui évolue au fil des saisons.
En plus d’offrir la vue sur le jardin, le Shōji avait d’autres avantages. Fermer les panneaux permettait de diminuer la luminosité, tout en créant une ambiance chaleureuse à l’intérieur. En été, le papier washi dont est tapissé le quadrillage en bois, laisse passer l’air et absorbe l’humidité. Ce type de porte ne coupe pas les sons, ce qui permettait également de profiter des bruits de la nature.
Pour protéger les portes en papier de la pluie et des intempéries, les Japonais plaçaient des panneaux de bois coulissants devant les Shōji qui donnaient sur l’extérieur. On appelle ces volets amado. En plus de préserver l’intégrité du papier japonais, ils étaient également efficaces pour garder la chaleur du foyer en hiver.
Le cloisonnement intérieur avec les portes Shōji
Après son utilisation de séparation de l’espace intérieur et extérieur, le Shōji a été utilisé à l’intérieur des habitations japonaises. Les portes coulissantes servaient à fermer une pièce et à séparer les espaces dans la maison, sans bloquer la lumière.
On peut installer une porte japonaise coulissante de plusieurs façons. Si deux portes sont montées sur une seule fente de bois (ou sur un rail), vous pourrez les fermer en face à face, sans qu’elles ne se chevauchent. Si vous souhaitez faire coulisser les portes pour qu’elles se chevauchent complètement, il faudra les installer sur deux rails.
Les portes Shōji sont encore d’actualité au Japon. On les trouve notamment dans les temples, dans les ryokan (les auberges traditionnelles), ainsi que dans les maisons traditionnelles japonaises. Il est possible de trouver des portes coulissantes dans les habitations modernes qui possèdent un washitsu, une pièce de style japonais avec un sol en tatamis.
Les portes traditionnelles sont si légères, qu’il est possible de les fermer avec un seul doigt. Elles ne possèdent pas de roues, mais sont conçues pour glisser dans une fente de bois. Pour qu’une porte glisse bien, il faut donc une bonne fabrication et un montage précis.
Il est de coutume d’ouvrir ces portes en étant en tailleur sur le sol. Étant donné l’absence d’isolation acoustique, ce type de porte suscite des comportements calmes et silencieux.
La décoration de style Shōji
Si vous appréciez l’esthétique du Shōji japonais, mais que vous ne souhaitez pas installer de véritable porte coulissante en papier et en bois, sachez qu’il existe une multitude d’objets reprenant le style du Shōji.
On trouve par exemple de très beaux byōbu, le paravent japonais, sous forme de panneaux en treillis de bois. Les portes coulissantes en papier et quadrillage en bois peuvent également s’utiliser comme porte de placard. On trouve même des abat-jours de style japonais, en papier et lattes de bois.
Les différents types de portes coulissantes japonaises
On remarque des nuances dans la façon d’agencer les lattes de bois, dans les motifs du treillis ou encore dans la construction même du Shōji.
Quand une porte coulissante possède au moins 4 colonnes et moins de 10 lignes, on parle d’un Shōji Tateshige. On trouve ce genre de panneaux, dont le treillis forme des rectangles verticaux, dans l’ouest du Japon.
Le shōji Yokoshige ressemble beaucoup au Tateshige, mais avec des carreaux à l’horizontale. Ce modèle est plus courant dans l’est de l’archipel Japonais.
Certains modèles ont une partie amovible, que l’on peut coulisser de bas en haut pour créer une ouverture. On les appelle Shōji Nekoma.
Le Shōji Fukiyose est semblable au Shōji Nekoma, mais présente des croisillons serrés sur la ligne du milieu, ainsi que des carreaux plus larges.
Le mabarasan Shōji est un modèle standard, avec de grandes ouvertures carrées.
Il existe une version suspendue, le shōji Kake, qui s’utilise pour masquer une ouverture ou bien une fenêtre.
Enfin, le yukimi Shōji est un modèle de porte coulissante avec du verre, au lieu du traditionnel papier japonais. Son nom signifie « qui laisse voir la neige ». Selon les modèles, il peut y avoir un mélange de verre et de papier washi. Ce style de Shōji permet de voir à l’extérieur, et de créer une sorte de cadre avec les parties en papier.
Comment entretenir un Shōji ?
L’un des inconvénients de la porte à quadrillage de bois et papier japonais est qu’elle est plus fragile qu’une porte classique. Il faut la manipuler avec soin, pour éviter de perforer le papier japonais ou de briser le kumiko (la partie en treillis). Pour garder votre porte japonaise longtemps, il faudra donc éviter de la claquer !
En dehors des chocs, la porte Shōji a un autre ennemi… Le chat ! En effet, l’assemblage de bois et le papier semblent particulièrement amuser les félins, qui y voient un magnifique terrain de jeu.
Quand le papier washi est troué ou abîmé, il faut changer la feuille du Shōji. Vous pouvez faire ce changement vous-même, en vous procurant une feuille de papier washi à la bonne dimension et de la colle spéciale.